L’état des lieux de l’exclusion sociale aux Etats-Unis

Si l’on peut affirmer que l’exclusion sociale et l’injustice ont perdu du terrain au cours des deux derniers siècles avec l’abolition de l’esclavage et la mise en place du suffrage universel, il semble que l’injustice soit à nouveau d’actualité, puisqu’elle touche un nombre croissance d’Américains. Des groupes ethniques minoritaires comme les Afro-américains, les Hispaniques, les musulmans, les homosexuels et même des groupes non minoritaires comme les femmes sont quotidiennement touchés par toutes sortes d’injustices sociales comme la misogynie, le racisme et la discrimination, pour ne citer que ces formes-là.

La question de l’abolition de l’esclavage

Avec la ratification du treizième amendement de la Constitution, les États-Unis ont vu la fin de l’esclavage, mais ce n’était que la partie visible de l’iceberg. L’amendement n’a mis fin à l’esclavage que sur le plan technique. Il s’est poursuivi sous forme de péonage, une échappatoire pour les anciens propriétaires d’esclaves, donnant aux anciens esclaves des endroits où vivre en échange d’un travail gratuit, ou quasiment gratuit. C’était l’une des rares options qui s’offraient à de nombreux anciens esclaves, car la plupart d’entre eux avaient vécu dans des plantations avant l’abolition et, après la ratification du treizième amendement, ils n’avaient nulle part où aller. Le racisme et la discrimination se sont poursuivis dans les années 1900 par l’application des lois Jim Crow, des lois qui séparaient fortement les personnes de couleur des Blancs par le biais d’espaces publics séparés comme les restaurants et les transports en commun. Cette ségrégation s’est poursuivie dans le Sud jusqu’à ce que l’affaire Brown apporte des changements importants à la politique publique concernant l’intégration.

L’injustice sociale à caractère racial est restée vivante de nos jours sous la forme de brutalités policières et de profilage racial. Au cours des deux dernières années, la violence liée à la police a fait la une des journaux sur une base quasi-quotidienne. Les musulmans constituent un autre groupe qui subit régulièrement les conséquences de l’exclusion sociale. Compte tenu des récentes fusillades en Europe et aux États-Unis dont Daech a revendiqué la responsabilité, le président Donald Trump a mis en œuvre une politique d’immigration antimusulmane, interdisant à tout nouveau citoyen de certains pays musulmans d’entrer sur le territoire. Même aujourd’hui, après le 11 septembre 2001, les musulmans sont un groupe qui est souvent « choisi au hasard » dans les points de contrôle de sécurité des aéroports, simplement parce qu’une femme porte un hijab ou parce qu’un homme porte une barbe fournie.

L’exclusion basée sur la sexualité et le genre

L’exclusion ne s’arrête pas. Récemment, la communauté LGBT a été victime de discrimination fondée sur la sexualité. Certaines lois, notamment en Caroline du Nord, sont particulièrement discriminatoires à l’égard des personnes transgenres, car elles ne leur permettent pas par exemple d’utiliser les toilettes en fonction de leur identité sexuelle. Dans de nombreux endroits du pays, les entreprises peuvent refuser des couples homosexuels parce que cela « entre en conflit avec leurs croyances personnelles ». Même les femmes n’échappent pas à l’exclusion, car elles sont beaucoup moins payées pour faire le même travail qu’un homologue masculin.

Cet article a été écrit par IPEICC